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COURRIER DE LA MAYENNE | Portrait. Valérie Hayer, députée européenne, de la ferme aux négociations du budget européen

 Par Cécile Le Franc Publié le 2 Jan 21 à 18:52   

Valérie Hayer a été élue député européen en mai 2019. La jeune femme de Saint-Denis-d’Anjou revient sur son parcours qui l’a menée aux négociations du budget européen.

Le seul député européen de la Mayenne s’appelle Valérie Hayer. Elue en mai 2019, et bien que d’origine modeste, la jeune femme a mené les négociations d’un exceptionnel budget européen. Retour sur ce parcours.

Le plaisir des négociations

Demandez à Valérie Hayer de vous parler des exceptionnelles avancées obtenues sur le budget européen et la réponse fuse. Elle pourrait même en parler longuement tant elle a été au cœur de la machine.

La négociation était très compliquée, assure avec entrain l’une des six députés à avoir négocié. Mais on a bataillé, on est resté ferme. Il y a eu douze séances de négociation. J’y ai pris goût au fur et à mesure.

Valérie HayerDéputée européenne Renew

La pudeur en privé

En revanche, dès qu’il s’agit d’en dire un peu plus sur le plan privé, la jeune députée européenne baisse le ton.

« Dans la famille, on a beaucoup de pudeur, comme souvent chez les agriculteurs. Moi-même, je ne suis pas une grande bavarde, reconnait-elle. Ce qui m’importe, c’est le résultat. Le travail est important, c’est un marqueur familial. » Valérie Hayer Députée européenne

Elle a grandi à la ferme

Valérie Hayer a grandi dans une ferme de Saint-Denis-d’Anjou mêlant lait, polyculture et élevage. « Dans cet environnement très sain et aimant, j’ai appris le respect de l’autre, le goût du travail bien fait. »

Pas de vacances en dehors de quelques jours à la mer ? Pas grave. « La ferme, c’est un super terrain de jeu quand on est enfant, sourit la jeune trentenaire. On fait du vélo, on joue dans les bottes de paille, on court dans les champs de maïs. »

La qualité d’un environnement de proximité

Saxophoniste « parce qu’il n’y avait pas beaucoup d’options à Saint-Denis-d’Anjou », celle qui aimerait bien se mettre au piano bénéficie aussi de cet environnement basé sur la proximité.

« Entre l’école et le collège, le principal du collège a appelé mes parents en leur disant que je devais faire allemand car j’étais une bonne élève. Ce n’était pas prévu. Mais j’ai adoré. C’est l’illustration d’enseignants qui vont chercher les élèves et les poussent à exploiter à fond leurs compétences. » Valérie Hayer Députée européenne

Sa professeure d’allemand au collège marque aussi particulièrement Valérie. « Sa rigueur, son exigence… Elle m’a fait découvrir une autre culture, une autre manière de penser, une ouverture sur le monde. Le collège, ce sont vraiment des années qui ont marqué ma vie. J’ai eu la chance d’avoir des professeurs qui m’ont accompagnée. Quand on construit sa personnalité, c’est extrêmement important. »

Un engagement citoyen avant la politique

Durant cette période, son envie de servir les autres émerge. Sa mère, conseillère municipale, n’introduit pas la politique à la maison, mais l’engagement citoyen.

Après son lycée à Angers, où sa sœur effectue des études d’infirmière, Valérie s’oriente vers des études de droit public. « Je me suis dit que je serais plus utile aux autres ainsi que dans le droit privé. »

Même si elle devient conseillère municipale à 21 ans, prenant la suite de sa mère, la politique n’est pas une fin en soi. « J’avais simplement envie d’être utile. Il n’y avait pas de dimension partisane. »

Elle se spécialise dans les finances

Puis elle se spécialise dans les finances. Encore une fois, le fruit de rencontres, « des profs plus marquants ».

Lors d’un stage de fin d’études à Paris, elle se frotte aux finances locales en réalisant un bilan financier de la décentralisation.

« C’était technique et politique. Ce bilan devait être présenté au parlement français. » Il n’en a rien été. « Cela m’a marquée. J’ai été frustrée, je n’ai pas compris. J’ai perdu ma naïveté. »

L’envie de faire bouger les lignes

Valérie Hayer a mené les négociations du budget européen avec plaisir.(©DR)

Et cela déclenche en elle une vraie vocation, « l’envie de faire bouger les lignes ».

« Je pense qu’on peut s’engager en politique en étant sincère, en parlant vrai aux gens. Je veux garder ma personnalité. » Valérie Hayer Députée européenne

Sa détermination à pousser l’Europe à chercher des ressources propres, sans faire payer ni les Etats ni les citoyens, a déjà porté ses fruits. Et elle ne compte pas s’arrêter là.

« Il reste plein de choses à faire, assure-t-elle, estimant se nourrir, intellectuellement parlant, tout en étant utile. Mon mandat n’est pas terminé. J’ai envie de me mobiliser sur la question du numérique, sur la cybersécurité. »

Peu de temps personnel

Et même si cela doit empiéter sur son temps personnel : « J’ai très peu de temps pour moi, assure celle qui aime lire. Les négociations autour du budget européen m’ont amenée à travailler quelques nuits aussi. Mais quand on s’engage dans ce genre de mandat, il faut avoir à l’esprit que cela prend du temps sur la vie privée. C’est un choix d’être au service des autres. Je n’ai aucun regret. C’est la possibilité de faire bouger les lignes. »


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