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Une semaine au Bangladesh.

Je reviens du Bangladesh, avec une réalité brutale : 10 ans après l'effondrement du Rana Plaza, la plupart des ouvriers textiles sont toujours payés 2,50 dollars. Par jour. Et ils ne gagneront que quelques centimes de plus au bout de longues années de travail... 

Ce salaire est nettement inférieur au seuil de pauvreté établi par la Banque mondiale pour le pays. Une situation qui concerne aussi d’autres pays et d’autres secteurs. Non seulement les produits fabriqués par ces travailleurs nourissent une vraie concurrence déloyale pour le madeinEurope, mais ils ne permettent pas aux salariés de l'autre côté du monde d'échapper à la pauvreté (extrême). 


 Cette semaine, j'ai été à la rencontre du ministre d'État aux Affaires étrangères, de travailleurs et de propriétaires d'usines, de syndicats, de fédérations professionnelles, de grandes entreprises, d'organisations internationales. J'ai visité des usines de vêtements, d'électronique. D’un côté, j'ai découvert des entrepreneurs prospères qui tentent de diversifier leurs activités, des employés persévérants et déterminés qui permettent à l'économie bangladaise de croître de près de 7 % chaque année. De l’autre, j'ai rencontré des personnes qui gagnent 0,15 dollar par jour dans l'économie informelle, très répandue, et qui vivent dans d’étroits bâtiments délabrés du vieux Dacca au côté de 200 autres personnes. C’est précisément pour cela que j'ai été au Bangladesh. Pour discuter de mon projet de mécanisme équitable aux frontières. Avec cette mesure, les grandes entreprises qui importent en Europe des produits fabriqués hors UE par des travailleurs payés en dessous des seuils de pauvreté, établis par la Banque mondiale, seraient tenues de payer une charge financière à l'UE. Celle-ci reviendrait à la différence entre la rémunération réelle perçue par les travailleurs (par exemple, 2,50 $) et le seuil de pauvreté national (3,65 $ dans le cas du Bangladesh). Dans ce cas précis, à Dacca, la charge s'élèverait à 1,15 $ par jour et par travailleur. L'objectif est bien avant tout d'inciter les grandes entreprises à augmenter les salaires dans leurs chaînes d'approvisionnement mondiales, plutôt que de générer des revenus. Le budget européen n'est qu'un moyen. Si les entreprises décidaient cependant de payer cette charge à l'Europe, nous la reverserions directement et autant que possible aux travailleurs concernés. Cette première mission sur le terrain est maintenant terminée. J'en reviens avec la conviction que le Bangladesh est confronté à de nombreux défis, du changement climatique qui menace son territoire jusqu'à la diversification économique. Je ne peux que souhaiter le meilleur à ce pays, un endroit magnifique qui compte 170 millions de personnes extraordinairement résiliantes qui méritent ce qu'il y a de mieux pour l'avenir. Grâce à tous ces échanges et informations, nous allons maintenant continuer à affiner notre proposition. Prochaine étape : le vote sur le principe de cette proposition politique, lundi en commission des Budgets puis en mai lors de la session plénière à Strasbourg. Nous encourageons également la Commission à lancer un projet pilote. D’autres développements sont encore à venir...